Le Repas

Le Repas

le calendrier de tournée est maintenant disponible sur le site du Cheptel Aleïkoum

lundi 1 mars 2010

intentions

Ca va vite.

Ca va très vite, ce temps d'Internet et de l'ultra communication.

Le fax est démodé, le minitel enterré, les cabines téléphoniques pourraient bien être classées au patrimoine mondial de l'humanité.

Où sont passés dans tout ça nos repas de quartier, nos utopies post soixante huitardes?

Où donc se planquent nos envies de partager la même tablée, la même soirée?

Ce sont des histoires déjà délavées.

On en est revenu, mais faudrait tout de même faire un peu gaffe à ne pas militer à l'inverse.

Où sont parties ces envies là? Peut-être un peu ici. Sûrement ici.

Il y a l'envie de partager un repas, de faire venir les spectateurs pour ça. Pas pour changer le monde ni casser un mur, ça fait déjà vingt ans qu'il n'est plus là. Juste pour passer ensemble une bonne soirée, avoir pour nous cet exploit-ci.

Ca va très vite, nous avons de plus en plus d'amis à travers nos adresses IP. Nos sens en sont-ils anesthésiés?

Où en sont notre goût, notre nez, la musique, notre cirque, nos touchers?

Pupilles papilles pavillons pif peau.

Nous éprouvons donc le besoin de se rencontrer simplement, de ne pas être devant mais avec les gens. Entrer dans une expérience participative, jouer de la proximité et laisser apparaître nos capacités à vivre ensemble.

Avec la complicité du public, nous voulons faire l’expérience d’un présent, d’un voisinage, étirer le temps.

Les portes du chapiteau resteront ouvertes. On pourra à tout moment sortir, aller fumer, faire pipi, passer un coup de téléphone. En revenant nos voisins de banc nous raconteront ce qui s’est passé. On pourra aussi changer de place, de convives, de point de vue.

A chaque table son plan, sa mini société, son chef (élu ou nommé).

Pour traduire nos envies, certaines choses se sont imposées d’elles mêmes.

Tout d’abord la forme du spectacle prendrait donc celle d'un repas, d'un banquet.

Ce qui nous permet de décaler l’espace de représentation vers un espace de convivialité.

Il n'y a pas de frontière entre nous et les spectateurs, c'est un espace propice à la discussion et à la rencontre.

Les gens sont assis face à face autour des tables et nous avec eux.

Le temps du repas guide le temps du spectacle, le temps de la rencontre.

En allongeant le présent, pouvoir se permettre d'avoir des moments de vide, des secondes de vertige. Prendre le temps de les partager en bavardages ou en silences, c'est ouvrir les espaces fragiles que nous recherchons.

Et puis le rapport à la nourriture, c'est le rapport au quotidien. La bouffe.

Il y en a surement à qui ça fait bizarre de préparer autre chose que du surgelé.

C'est un moyen de rencontre simple avec les gens, un terrain où les échanges sont facilités. (C'est aussi un présent commun autre que le cirque.)

Et puis les gens n'arrivent pas les mains vides, si on fait venir chacun avec un économe, ce n'est pas pour bronzer.

Car dans un repas, il y a aussi l'avant et l'après.

La préparation du repas mettrait le public dans un état différent de l’habitude.

D’abord troublé, il laisserait petit à petit monter l’excitation que l’on ressent lors de la préparation d’une fête... plaisir d’offrir.

Les spectateurs ont un repas à préparer.

Notre volonté est d'installer tout de suite les gens dans un rôle actif, de leur donner d'entrée les règles d'un cabaret participatif.

Après le repas, y’a le plaisir de la vaisselle. Ca peut être super chouette de faire la vaisselle,alors on va faire en sorte que ce moment le soit vraiment.

Et puis si on n'as vraiment pas envie, on peut toujours faire comme chez soi, choisir précisément ce moment pour aller pisser, les portes restent ouvertes.

En cherchant dans ses directions nous voulons inviter les gens à être maîtres du temps qu'ils ont envie de passer, comme dans une soirée.

Ils peuvent, s’ils le veulent, laisser leurs téléphones portables allumés. Choisir de ne pas laisser leur vie privée à l'entrée.


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